J'ai décidé de vous copier / coller une critique de l'émission que j'ai faite pour un autre site :
Dimanche soir à 19h05, Canal+ lançait un nouveau programme de divertissement intitulé Canal Presque. Virginie Efira et sa troupe de comédiens méconnus ont pour rôle de l’animer en s’appuyant sur les textes rédigés par Ahmed Hamidi (Les Guignols) et quelques autres auteurs. L’émission, largement promue au travers du transfert de l’animatrice blonde rejoignant les rangs d’la 4, n’avait pas fait véritablement état de son contenu lors de sa promotion : la seule chose qu’on savait, c’est qu’il s’agissait d’un 26 minutes concentrant divers programmes, de l’info en passant par de la fiction et des fausses pubs. Le tout, bien évidemment, passé dans l’entrejambe opportun de la parodie et de l’humour. Ce qu’il en reste, c’est un véritable manque d’ambition.
Comprenez-bien le principe. Virginie Efira ne joue pas son rôle, elle en joue même plusieurs. Elle rentre d’abord dans la peau d’une animatrice qui assume parfaitement la nullité de son émission en posant des questions inintéressantes. De ce point de vue-là, c’est tout réussi. Omar et Fred, invité d’honneur du lancement, jouent le jeu à fond mais cette médiocrité ne fait pas rire. Les seuls rebonds humoristiques de l’entrevue complètement fictive, plus ou moins dans la veine de La vraie vie d’Omar et Fred diffusée récemment, arrivent quand “bite” et “conne” sont prononcés. J’aime beaucoup cet humour pipi, caca… pédophile, chômeur, consanguin, etc. Mais ça n’atteint même pas le pipi, caca, puisque ça s’arrête aux membres géniteurs humains et aux insultes qu’on entend dans la rue tous les jours. En fait, c’est carrément banal. Il y a des silences troublants, il y a des jeux de regard circonspects, certes. Mais ce qui les rythme n’ont quasiment rien d’extraordinaire.
Ensuite il y eût une fausse pub. Techniquement, très bien réalisée, d’ailleurs on se croirait vraiment dans une pub puis lorsqu’on aperçoit la bouille de Virginie, on comprend. La chute, je vous interdit de l’apprécier, spécialement si vous êtes un lecteur de Nofrag : Qu’est-ce que ça manque d’ambition !
Derrière, c’est le JT. On y retrouve Virginie dans le rôle de la présentatrice. Premier défaut : son personnage possède les même tics et le même comportement que la Virginie du show télé. Mauvaise caractérisation du personnage ? Mauvais jeu d’acteur ? Mauvaise direction d’acteur ? Va falloir attendre encore 2 ou 3 émissions pour se forger un avis plus définitif mais ça commence franchement mal. Sur son plateau, elle accueille deux invités dont un correspondant. Ils papotent mauvais temps, ils gigotent sur leurs chaises mais pendant ce temps-là, nous, on se les grelotte sévère. Pourtant, le “j’avais pas de bite” prononcé par Virginie Efira tombait à point nommé : ah, bah si, y a “bite” en fait. Mais l’énervement du spécialiste américain, amusante au départ, devient très vite lourde -et encombrante- à l’arrivée.
Puis on a vécu une séquence caméra cachée par le belge. Les caméra cachées me font rarement rire mais celle-là était plus pas mal réussie. Mais faut pas se leurrer, si Canal Presque ne compte que sur sa séquence caméra cachée pour bâtir sa réputation d’émission drôle et décalée, l’échec est presque assuré.
Vînt la partie “fiction”, une sorte de court-métrage en somme. “La Rencontre” entre deux anciennes camarades de classes au café du coin. La chute est tellement prévisible que pendant toute la diffusion de cette séquence, j’espérais qu’elle ne soit pas celle à laquelle il est un peu trop facile de penser d’entrée de jeu. Dommage. Ceci est suivit du JT des sports, tels que le mikadom : du mikado avec des hommes. Des conneries comme ça vraiment franchement lourdes. La prestation du présentateur, qui n’est pas Virginie Efira pour une fois, doit y être sûrement pour quelque chose.
Canal Presque s’est tout de même achevé sur la partie la plus prometteuse et la plus réussie : le quotidien du service secret belge dirigé par la belle blondasse qui doit faire face à des situations loufoques et plutôt en rapport avec l’actualité. Et c’est là, justement, la critique principale de l’ensemble de l’émission, et que j’avais redouté en lisant récemment Ahmed Hamidi dans 20Minutes :
Non, on ne fera jamais le «Saturday Night Live». Cette émission existe depuis 20 ans aux Etats-Unis (elle a été créée en 1977, ndlr) et elle jouit d’un staff de 15 auteurs aux personnalités très fortes. Avec «Canal presque», nous commençons juste. Et contrairement au SNL, nous ne seront absolument pas proches de l’actualité. Ça fait dix ans que je fais ça avec Les Guignols de l’Info, j’ai envie de passer à autre chose.
Non, Canal Presque n’est quasiment pas en prise avec l’actualité. Tout est construit de toutes pièces et comme l’émission s’est mise des barrières dans l’humour employé (et dans sa manière de le déployer également, hein, faut être réaliste, le talent…), il est difficile d’adhérer à l’émission, sans repères. Et même si je trouve que Virginie Efira est une actrice qui a du chien, du talent et qu’elle est capable de se (re)mettre dans la peau d’une animatrice un peu idiote, elle manque pour l’instant singulièrement de textes écrits avec des couilles. Une bonne paire.
