TV5Monde

“L’Invité” de TV5MONDEse délocalise en Belgique!
Du lundi 11 au vendredi 15 janvier 2010

Pendant une semaine, Patrick Simonin reçoit depuis Bruxelles des personnalités au coeur de la vie politique et culturelle belge. Des entretiens exclusifs (8 minutes) pour faire partager aux téléspectateurs des cinq continents leurs idées et leurs passions, avec :

> Rudy Demotte, Ministre-président du Gouvernement wallon et de la Communauté française de Belgique
> Fadila Laanan, Ministre de la Culture, de l’Audiovisuel, de la Santé et de l’Égalité des chances de la Communauté française de Belgique
> Jérémie Rénier, comédien fétiche des frères Dardenne, à l’affiche en mars du film « Pièce montée » de Denys Granier-Deferre
> Nabil Ben Yadir, réalisateur du film “Les Barons” (récemment primé au Festival International du Film de Marrakech, le film sort en France le 20 janvier 2010, après son succès dans les salles de cinéma belges)
> François Schuiten, dessinateur belge de bande dessinée

Cette série d’émissions est réalisée en collaboration avec la Radio Télévision belge de la Communauté française (RTBF).

Marie-Christine Saragosse : « TV5 n’a pas jeté l’éponge quant à une présence sur la TNT !»

 

Depuis le 15 février, avec l'extinction de RTBF sat,TV5 est devenue la vitrine de la RTBF.be sur le monde. L’occasion de faire le point avec la Directrice-générale sur la chaine et ses perspectives, à l’aube de ses 25 printemps.

TV5 vient de fêter ses 25 ans, Comment se porte la chaine ?

Vingt-cinq ans, c’est un bel age ! Nous sommes en train d’affirmer nos spécificités, c’est à dire la première chaine à l’échelle mondiale à être conçue comme une généraliste. Avec CNN et MTV, TV5 est la chaîne la plus diffusée dans le monde. Et puis TV5 est un concept « multilattéral » puisque nous avons été créé avec plusieurs pays autour du berceau. Cela nous renforce et nous donne une autre dimension à travers le monde.

L’entente entre les partenaires est facile ?


Concernant l’actionnariat, 66,6% sont détenus par des sociétés françaises. Les 33,3% restants sont répartis entre la RTBF.be, la RTS, et le consortium Radio Canada et Télé-Québec. Dans la participation française, France Télévisions n’est plus dominante. C’est l’audiovisuel extérieur de la France qui détient 49%, FTV et Arte se partageant le solde. C’est vrai que la France a du coup un plus grand poids en terme de financement et de contenu dans la grille de TV5. Mais derrière cet actionnariat, il y a aussi les 70 pays de la Francophonie qui nous ouvrent plus facilement des portes pour la conquête de nouveaux réseaux. Nous sommes distribués à l’ONU à New-York, et plus récemment nous sommes rentrés dans les locaux de l’Union Africaine à Addis-Abeba.

Tout cela dilue encore plus le poids de la Belgique…

La Communauté française de Belgique a justement eu un rôle moteur dans le rééquilibrage de l’actionnariat de TV5Monde lors de la crise de 2008. Je pense qu’aujourd’hui, tout le monde a fait des efforts et que tout le monde se sent à l’aise dans la structure de TV5.

Avez-vous eu des craintes pour TV5Monde lors de la crise ?

Je n’emploierais pas le mot « crise », mais je dirais plutôt « difficultés de communication ». Parfois on parle la même langue, mais on n’emploie pas le même langage. Nous avons pris le temps de se comprendre les uns et les autres. En 25 ans, TV5 a connu plusieurs crises et la chaine s’en est toujours sortie avec un nouvel élan. Elle a toujours progressé en transformant ses énergies en énergie de « conquête ».

« Conquérir », un mot qui revient souvent…

Vous savez, quand il y a 27.000 chaines satellitaires à travers le monde, on ne vous attend pas! A TV5 nous avons conscience notre mission de service public, à l’échelle planétaire, qui est de promouvoir la langue française. Les langues ne sont pas des simples outils de communication. Elles sont porteuses d’une vision du monde. En inuit, pour désigner la couleur blanche, il y a plus d’une centaine de mots différents. La disparition d’une langue, c’est aussi la perte d’une perception du monde. La présence de la langue française est un véritable enjeu, mais ce n’est pas une barrière pour nous, puisque TV5 sous-titre ses programmes en 10 langues et même en japonais.

Le français en tant que langue véhiculaire n’est pas en train de s’éteindre, selon vous ?

J’entends dire cela depuis plusieurs années, et je constate que justement les lycées français à l’étranger qui scolarisent majoritairement des non-Français, doivent refuser du monde dans leurs établissements. Même chose pour les cours qui sont donnés dans les Alliances françaises. Et je constate aussi que les effectifs de la Francophonie sont en croissance, d’ailleurs un francophone sur 2 vit dans le monde arabe et la population d’Africains parlant le français est aussi en augmentation. Je pense que le français ne perd pas de terrain, mais que nous allons plutôt vers un multilinguisme ou un plurilinguisme. Autre exemple, 57% de nos abonnés aux USA ne parlent pas français mais nous suivent grâce au sous-titrage. Ils se réabonnent à 99,3% et passent 60% de leur consommation télévisuelle devant TV5Monde. Le téléspectateur est curieux et si on lui ouvre une fenêtre, dans sa langue, sur une autre réalité culturelle, il s’y intéresse. La langue française reste porteuse de valeurs universelles.

Avec neuf réseaux de diffusion et 5 pays partenaires, TV5Monde est une équation difficile ?

Une télévision généraliste à l’échelle mondiale ne peut pas avoir le même signal partout en même temps. TV5 présente des documentaires, des films et de l’info. Nous n’allons pas présenter un programme de prime-time à l’heure de Paris, sur le réseau américain au même moment. De plus, il y a des droits qui diffèrent selon le réseau de diffusion. Si nous ne régionalisons pas les droits, nous n’aurions que le plus petit commun dénominateur à l’antenne. Par exemple, aux Etats-Unis, TV5 est une chaine premium payante (10$ par mois) où nous diffusons des films très récents, parfois un an seulement après leur sortie en salle. A l’inverse, sur le réseau FBS, nous jouons la carte du patrimoine et de la diversité culturelle avec le Sud. Le fait de régionaliser la diffusion accroît la richesse de nos contenus. Pareil pour le sport où nous diffusons des grands évènements dans le monde, mais pas sur TV5 Europe ou FBS, où les droits sont détenus par des diffuseurs nationaux. La colonne vertébrale de la grille est presque identique partout mais déclinée selon les habitudes locales. En Afrique, nous sommes considérés comme une télévision nationale. Nous y diffusons beaucoup de productions africaines réalisées pour TV5 et plus de programmes jeunesses que sur les autres réseaux. TV5 est aussi une vitrine africaine, aucune autre chaine mondiale n’apporte autant d’importance à l’Afrique et nous nous estimons que ce continent a beaucoup à apporter au reste du monde.

En Belgique, TV5 donne l’impression d’être une télévision de rattrapage des programmes français…

Il y a surtout des émissions phares très connues de France Télévisions qui se retrouvent dans la grille de TV5 FBS. Et grâce à elles, des téléspectateurs français qui se « rattrapent », comme vous dites, grâce à TV5 découvrent ensuite des programmes belges et suisses.

TV5 est un produit d’appel ?

En France, oui ! Il y a un effet de notoriété qui joue. C’est comme quand vous venez visiter Bruxelles. On démarre par un lieu très connu, la Grand-Place et on vous emmène ensuite dans des endroits moins connus. « Thalassa » va attirer un certain public sur TV5. Public qui par la suite va découvrir un magazine de la TSR, Radio Canada ou de la RTBF.be. Et justement, ces magazines sont passionnants et vont apporter un décalage pour les téléspectateur français qui découvrent un autre point de vue. La RTBF.be fait souvent des sujets assez « durs » sur la France, comme le reportage de Jean-Philippe Shaller sur la visite de Nicolas Sarkozy dans une usine. Lors des élections françaises, TV5 reprend souvent les sujets de la RTBF, car ils sont plus pédagogiques et plus adaptés à un public international. Ce sont les regards croisés et le pluralisme qui font la particularité de TV5 Monde. Nous ne sommes pas la chaine d’un seul pays.

Par moment, la tutelle française n’exerce-t-elle pas une pression pour interdire un sujet belge ou suisse ?

Non, pas du tout. TV5Monde n’a qu’une seule pression, c’est la rigueur. Quand nous parlons d’un conflit que ce soit en Irak, en Iran ou ailleurs, nous sommes reçus dans ces régions et nous le savons. Nous devons donc bien mesurer nos propos. Cela donne un sens très aigu des responsabilités journalistiques.

Depuis la mi- février, TV5Monde est devenue la seule vitrine de la RTBF.be sur le monde. Y aura-t-il du changement ?

Pour nous, le premier changement, c’est la création d’une liaison directe avec la RTBF.be, puisque jusque-là nous nous alimentions des productions de la RTBF via RTBF Sat. Depuis le nouveau plan stratégique de TV5Monde, nous avons fait de gros progrès. Les émissions de la RTBF sont présentes sur nos antennes et nous avons multiplié par 4 la programmation de documentaires et de films issus de la Communauté française. Et le fait de sous-titrer ces programmes leur donne un autre impact à travers le monde. Une vingtaine de films belges seront mis à l’antenne, et autant de documentaires de nonante minutes. TV5 se rapproche également de la RTBF au travers du « Bar de l’Europe » (diffusé sur La Trois – ndlr) présentée par Paul Germain et qui est une coproduction avec la télévision belge. Lors des élections américaines, la RTBF a repris l’émission de la « Nuit américaine » de TV5. Pour le cinquantenaire des indépendances africaines, nous sommes en train de réfléchir à un programme en commun sur la RDC…

Et au niveau de la fiction ?

Je rêve d’avoir « Melting Pot Café » ! Nous sommes en négociations pour les droits. Cet humour décapant nous intéresse beaucoup.

TV5 est souvent cité pour monter sur la TNT en Communauté française. C’est toujours d’actualité ?

Oui, nous n’avons pas jeter l’éponge. La RTBF.be nous avait contacté à l’époque, avec Arte, pour voir ce qui était possible de faire. Nous avons actuellement au sein de TV5 une réflexion globale sur la TNT. Il est possible que cela nous amène à créer un signal adapté pour ce type de diffusion. Nous n’avons pas renoncé et nous restons attentifs aux déclarations de notre ministre de tutelle, Fadila Laanan, dans ce dossier.

Quels sont les projets de TV5Monde ?

Il y a un an, nous avons lancé notre plan stratégique qui s’étend sur trois axes : La distribution, le contenu et la communication. Nous venons de lancer un nouveau signal dans le Pacifique et nous venons de passer au 16/9è pour le signal FBS et le signal Orient. Cet été, ce sera au tour de TV5 Europe. Nous allons augmenter le sous-titrage, après le japonais, nous allons ajouter le polonais. Pour le média global nous poursuivrons sur la lancée de la web TV pour enfants (qui fonctionne bien mais qui n’est pas accessible en pays francophones pour des questions de droits) avec une web TV pour les 50 ans des indépendances africaines et une autre dédiée aux femmes. Le site sur les téléphones mobiles marche très bien aussi avec 1 million de visites en 9 mois. Nous sommes aussi présents sur les réseaux sociaux. La vidéo à la demande sur le site de TV5, qui est accessible au marché francophone avec les documentaires et le théâtre. Nous préparons aussi un catalogue cinéma qui serait mis en ligne pour le Festival de Cannes, mais il ne sera pas accessible sur la région FBS.

PBS/Tuner