Après l'annonce du dépôt de bilan de Nantes 7, les questions sont nombreuses... Notamment sur l'avenir des 24 salariés.
L'annonce du dépôt de bilan de Nantes 7 a été un véritable coup de massue pour la bonne dizaine de salariés (sur 24) qui a repris le travail lundi, après la pause estivale. "Même si la situation semblait définitivement compromise, on espérait quand même au fond de nous-mêmes une issue favorable, témoigne un journaliste. L'aventure ne peut pas se terminer comme ça."
Tous se montrent "tristes et inquiets" devant "un tel gâchis".
Leur sort est désormais lié à la décision de l'administrateur judiciaire qui sera nommé dans les prochains jours. "Nous attendons lundi que tout le monde soit rentré de vacances avant de prendre des décisions", précise Julie Hulin, déléguée du personnel. En attendant, Nantes 7 continue à émettre.
Trois repreneurs ont adressé une offre par courrier à Nantes 7, avant la date limite du 30 juillet :
- la société Télévista de Philippe Gildas (Vivolta)
- Télémélody, déjà actionnaire de la chaîne locale Grand Lille TV
- Télénantes, l'autre chaîne locale nantaise.
Le Football Club de Nantes, primairement intéressé, s'est finalement retiré de la course au dernier moment.
Aucun de ces repreneurs potentiels n'était prêt à reprendre la chaîne immédiatement. D'où le refus des actionnaires de continuer à financer un déficit cumulé atteignant les dix millions d'euros depuis décembre 2004.
Pascal Bolo, adjoint aux finances de Jean-Marc Ayrault (le maire de Nantes), l'affirme : "L'offre de reprise de Télénantes était la seule offre ferme. Les deux autres repreneurs potentiels demandaient des délais supplémentaires pour réfléchir."
Dans la lettre adressée à Nantes 7, Télénantes proposait une reprise à compter du 1er janvier 2010 pour... un euro symbolique. Deux conditions inacceptables pour les principaux actionnaires, décidés à ne plus financer les pertes de la chaîne "même pour quelques mois" : la Serpo (groupe Sipa/Ouest-France), le Télégramme, la mutuelle Harmonie et les Caisses d'Épargne. Seul le groupe Synergie s'est abstenu.
Le plan de reprise de Télénantes prévoyait, par ailleurs, le maintien d'une quinzaine d'emplois sur les 24 et tablait sur un déficit de 900 000 € la première année.
Le torchon brûle entre Daniel Augereau et Jean-Marc Ayrault. Le PDG de Synergie, actionnaire de Nantes 7 (14,5%), accuse le député-maire de Nantes de "miser sournoisement sur un dépôt de bilan pour récupérer à bon coût l'ensemble de la fréquence. Il ne pourra pas alors s'étonner de la trentaine de licenciements qui va en découler." Et Daniel Augereau de poursuivre : "Une telle mésaventure ne pourra que décourager à l'avenir toute nouvelle proposition de partenariat public/privé dans cette ville où l'idéologie reste la règle. Il ne faudra pas s'étonner que les impôts continuent inexorablement à augmenter dans la cité des Ducs. On peut également s'inquiéter sur la pluralité de la future chaîne locale qui deviendrait la "Télé Monsieur le maire", si par malheur Télénantes se voyait confier la fréquence. Mais n'est ce pas depuis le début l'objectif recherché ?"
Pascal Bolo, adjoint aux finances, refuse de rentrer dans la polémique. "Si Daniel Augereau veut faire de la politique politicienne, c'est son droit. Nous ne rentrerons pas dans cette polémique. Il y a des emplois en jeu..."
Autre article intéressant qui montre comment la chaîne en est arrivée là aujourd'hui :
La belle aventure n'a jamais été aussi proche de la fin. Les caisses de Nantes 7 sont vides et l'écran noir menace.
Comment en est-on arrivé là ?
Depuis sa création, en décembre 2004, la télévision nantaise privée n'est jamais parvenue à l'équilibre financier. La majorité des actionnaires a fini par "fermer le robinet". "Faute de nouveaux apports en trésorerie, Nantes 7 se trouve en état de cessation de paiement" résume dans un communiqué son président, Antoine de Tarlé. Trois repreneurs s'étaient pourtant fait connaître. Mais aucune des propositions ne permettait de transmettre l'activité avant 2010 et les actionnaires, réunis hier à Nantes, se sont refusés à un nouvel effort, qui aurait permis de couvrir les besoins en trésorerie jusqu'à la fin de l'année. Dès lors, le dépôt de bilan de la télévision locale privée s'imposait. "Seul le groupe Synergie, qui détient 15% du capital, s'y serait opposé" remarque Julie Hulin, la déléguée du personnel de la chaîne. Car désormais, les 24 emplois sont sur la sellette. Le tribunal de commerce devra nommer dans les prochains jours un administrateur judiciaire pour gérer le quotidien et examiner l'avenir de la chaîne. "Nous, ce que l'on craint, c'est qu'il nettoie la boite pour la refiler ensuite à Télénantes" s'inquiète Julie Hulin. Télénantes, chaîne associative financée par les collectivités publiques, partage le canal avec Nantes 7. Elle a fait récemment une offre de reprise pour l'euro symbolique, en ne conservant que 10 des 24 emplois.
Les salariés de Nantes 7 sont "tristes et inquiets". "C'est le coup de massue. Les actionnaires nous laissent tomber comme une vieille chaussette. Il y a un sentiment d'un gâchis énorme" résume l'un d'eux. De fait, Nantes 7 avait, depuis sa création, réussi à s'installer durablement dans le paysage médiatique local. Diffusée en TNT et en hertzien analogique sur l'ensemble de la Loire-Atlantique depuis l'émetteur de Haute-Goulaine, elle occupait quotidiennement 19 heures d'antenne. Selon le dernier sondage Médiamétrie, 251 700 personnes regardaient régulièrement ses programmes. "C'est sûr" soupire Julie Hulin, "il y a aussi dans cette affaire des enjeux politiques qui nous dépassent".